La contre-insurrection portugaise, un schéma classique

Pour lutter contre la guérilla, les autorités portugaises optent pour la stratégie de contre-insurrection, initiée par les Français en Algérie et reprise par les Américains au Vietnam. Cette stratégie se déploie en deux volets, militaire et civil.

Avec la nomination du général de Spinola comme gouverneur de la Guinée en 1968, l’effort militaire portugais s’intensifie. Forts du soutien matériel de pays de l’Otan (Etats-Unis, France, RFA, Belgique, Italie), trente cinq mille hommes sont déployés sur le théâtre guinéen. Ils mènent notamment des opérations héliportées, des incursions en territoire libéré et même à l’étranger (débarquement en Guinée en 1970), bombardements au napalm, constitution de hameaux stratégiques. Spinola « africanise » la lutte avec l’incorporation de locaux dans les troupes.

Les Portugais mise sur une politique de propagande pour « gagner les cœurs et les âmes » des civils, tout en agitant la peur du communisme. Ils tentent de s’assurer la collaboration de certaines élites locales, de certains assimilados, d’attiser les contradictions tribales et même le racisme en faisant « des distinctions entre plus clairs et plus foncés[1] ». Des réformes économiques et sociales tardives sont entreprises, mais leur ampleur témoigne surtout des progrès du PAIGC.

 

[1] Cabral, 1970, p. 70