La fondation du PAIGC et les premières années (1956-1961)

Le 19 septembre 1956, Amilcar Cabral et cinq compagnons fondent le Partido Africano para a Independência da Guiné e Cabo Verde (Parti pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert ou PAIGC). L’indépendance et la révolution africaine sont les objectifs des militants. Cabral aspire à une transformation de la vie économique actuelle dans le sens du progrès, ce qui exige au préalable la liquidation de la domination économique étrangère dont toute autre sortie de domination est dépendante.

Dans les premiers temps, le parti s’organise clandestinement autour d’un noyau d’assimilados rejoint par des ouvriers du port de Bissau et de jeunes urbanisés dont la capacité mobilisatrice est remarquée. Pendant trois années le PAIGC constitue des cellules clandestines et un mouvement syndical, suivant le modèle qui fait du prolétariat le moteur du mouvement révolutionnaire. Mais le 3 août 1959, une manifestation de dockers sur les quais de Bissau est violemment réprimée et se solde par cinquante morts et une centaine de blessés. Ce massacre dit de Pidjiguiti ainsi que les coups durs reçus de la PIDE, la police politique portugaise, amène le parti à revoir sa stratégie et à envisager un redéploiement en direction des campagnes.

En 1960, le parti installe ses quartiers à Conakry, dans la Guinée nouvellement indépendante de Sékou Touré. Une école des cadres y est fondée, où Cabral dispense des cours. Après une formation de six à huit semaines, des cadres sont renvoyés en Guinée auprès de la paysannerie et y entament un patient travail d’implantation, d’explication et de mobilisation. Des bases sont installées, du matériel acheminé avec le soutien de la population locale. Certains militants continuent à travailler avec les Portugais pour donner le change.

En 1961 à Casablanca se tient la 1ère Conférence des organisations nationalistes des colonies portugaises (CONCP), qui regroupe huit organisations d’Angola, du Mozambique, de Guinée portugaise, de Sao Tomé et de Goa. La même année, en soutien du MPLA qui vient de déclencher la lutte armée, le PAIGC mène des actions de soutien dont du sabotage pour entraver l'action de Lisbonne en Angola.