Une intense activité diplomatique

Malgré sa puissance et son organisation, une victoire militaire du PAIGC reste inenvisageable du fait du rapport de force en défaveur de la guérilla, du déficit de population des zones libérées. Il en est de même d’une paix négociée avec le gouvernement de Lisbonne. Sur le modèle du FLN algérien, le PAIGC entend faire connaître le combat des peuples guinéen et capverdien à l’extérieur par une intense activité diplomatique, auprès des états africains nouvellement indépendants, des autres mouvements de libération nationale, des pays amis mais aussi auprès des Nations Unies. En procédant ainsi, le PAIGC stigmatise le colonialisme portugais à l’échelle internationale, à une époque où les empires coloniaux ont quasiment tous disparus. Amilcar Cabral se rend ainsi plusieurs fois à l’ONU au cours des années 60 et au début des années 70 témoigner de la lutte du peuple guinéen et dénoncer le colonialisme portugais.

En janvier 1966 Amilcar Cabral participe à la Conférence tricontinentale de La Havane, qui voit la création de l’Organisation de solidarité des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine (OSPAAL). Son intervention remarquée à la tribune lui vaut une reconnaissance internationale, il devient une figure marquante du tiers monde émergent, un des théoriciens de la lutte de libération nationale.

En avril 1972, une mission spéciale de l’ONU se rend dans les zones libérées, amenant le Comité de décolonisation des Nations Unies à reconnaître le PAIGC comme seul « véritable et légitime représentant des peuples de Guinée et du Cap-Vert ». Lors de la 27e session de l’ONU, l’assemblée générale entérine cette résolution, incitant états, gouvernements et organisations internationales et nationales à renforcer leur aide au PAIGC et traiter exclusivement avec lui des problèmes propres à la Guinée-Bissau et au Cap-Vert, au grand dam de Lisbonne.