La formation

Amilcar Cabral naît le 12 septembre 1924 à Bafatá, dans l’est de la Guinée portugaise, de parents cap-verdiens. En 1931, sa famille retourne au Cap-Vert où le jeune Amilcar achève brillamment ses études secondaires en 1943.

Se destinant à la carrière d’agronome, il rejoint la métropole en 1945 pour suivre les cours de l’Institut supérieur d’agronomie de Lisbonne. Durant son séjour lisboète, il fréquente les quelques étudiants africains originaires comme lui de Guinée-Bissau, du Cap-Vert, mais aussi de Sao-Tomé et Principe, d’Angola ou encore du Mozambique. Parmi eux, certains deviendront de futurs dirigeants des mouvements de libération des territoires africains lusophones, comme les Angolais Agostinho Neto et Mario Pinto de Andrade, les Mozambicains Eduardo Mondlane et Marcelino Dos Santos. En effet la fin de la Seconde guerre mondiale voit l’émergence des premiers mouvements indépendantistes et anticoloniaux en Afrique et en Asie. Les violentes secousses ressenties par les empires coloniaux français, britannique et hollandais ont aussi des répercussions dans les possessions portugaises.

Cette petite colonie estudiantine développe sa sensibilité politique au gré des contacts avec la société métropolitaine, les étudiants progressistes, les organisations de jeunesse et le parti communiste portugais alors clandestin. Leurs nombreuses lectures contribuent également à cette maturation politique. Parmi celles-ci notons la des œuvres de littérature brésilienne progressiste, des poèmes de Pablo Neruda, Paul Eluard ou Louis Aragon, la littérature afro-américaine, mais aussi les textes de Léopold Sédar Senghor sur la négritude. Le Centro de Estudos Africanos (Centre d’études africaines), créé clandestinement, par son intense activité culturelle et politique, contribue pour beaucoup à la « ré-africanisation des esprits » de ces futurs dirigeants indépendantistes.

Une fois son diplôme obtenu en 1950, Amilcar Cabral travaille un temps comme chercheur à la station agronomique de Lisbonne. Début 1952, il retourne en Guinée après avoir refusé un poste de professeur assistant à Lisbonne, ce qui aurait fait de lui le premier Africain à occuper cette fonction. Sous contrat au ministère de l’outre-mer, il dirige bientôt le centre agronomique de Bissau. En 1953, il entreprend le recensement agricole de la Guinée. En parcourant le pays, il acquiert une connaissance inestimable des réalités économiques et sociales guinéennes. Ce travail lui sera précieux dans les années à venir.

Ses activités sociales en direction de la population, dont la création d’un club sportif, lui valent la méfiance des autorités coloniales. Le gouverneur portugais finit par lui interdire tout séjour prolongé en Guinée. Condamné à ne rester que sur de courtes périodes dans son pays natal, Cabral émigre en Angola et continue d’y exercer sa profession, retournant de temps en temps en métropole et en Guinée. Durant son séjour angolais, en 1955-1956, il côtoie les militants du Movimento Popular de Libertação de Angola (Mouvement populaire de libération de l'Angola, MPLA) naissant.