La Guinée portugaise et le Cap-Vert

La présence portugaise en Guinée remonte à l’année 1474 lorsque Lisbonne loua des terres côtières pour y établir des comptoirs commerciaux, intégrés au commerce triangulaire à partir du XVIIe siècle, la capitainerie de Bissau est fondée en 1692. Toutefois la colonisation ne débuta que vers 1841 pour s’achever seulement en 1936. Le premier établissement portugais au Cap-Vert remonte à 1462, et comme la Guinée, sa vocation est exclusivement commerciale. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, le Portugal d’António de Oliveira Salazar possède toujours un empire colonial qui, à l’exception du Brésil, n’a pas bougé depuis le XVIIIe siècle.

En 1951, la Guinée et le Cap-Vert deviennent par amendement constitutionnel, des provinces ultramarines du Portugal. Colonie à vocation commerciale à l’origine, la Guinée n’est pas une terre d’immigration. A la différence de l’Angola, peu de Portugais s’y établissent, et la plupart sont soit des employés de l’administration, soit des employés de commerce. Jusqu’en 1961, le statut de l’indigénat établit une distinction raciale qui stipule que « tout individu de race noire ou son descendant qui ne possède pas encore les caractéristiques et les habitudes individuelles et sociales présupposées pour l’application intégrale du droit public et privé du citoyen portugais ne peut jouir de droit[1] ». En résumé l’indigène n’a pas de droits politiques au regard du colonisateur. Pour devenir citoyen, il doit avoir une bonne connaissance du portugais et exercer une profession lui permettant de subvenir aux besoins des personnes à charge[2]. En 1961, la population guinéenne compte environ 6000 assimilados (nouveaux citoyens) et 2500 « blancs » sur une population globale d’environ un peu plus d’un demi-million d’habitants, réparties en plusieurs ethnies (Foulas, Mandingues Balantes, Mandjaques, Pepels, Brames…), et religions (musulmans, animistes et chrétiens). Environ 200 000 habitants peuplent les îles du Cap-Vert, essentiellement des mulâtres assimilés. Ces derniers s'emploient dans l'administration coloniale.

 

[1] Chaliand, 2020, p. 181

[2] Chaliand, idem.