Cuba, une île sous surveillance

La révolution cubaine est mise très tôt sous surveillance par le voisin américain, l’évolution socialisante du régime suscitant la méfiance extrême de Washington.

Des vols de reconnaissance par des appareils de l’armée et de la CIA sont rapidement entrepris au-dessus de Cuba. Dès octobre 1960, l’avion espion Lockheed U2 est déployé dans le ciel cubain. Il est actif lors de la préparation et pendant l’opération de la baie des Cochons en avril 1961. La même année la CIA met en place un programme instituant un vol mensuel sur Cuba ; à partir de mai 1962, cette fréquence double et même quadruple en septembre. En août, un U2 localise des sites de missiles antiaériens SA-2, le même type de missile qui avait abattu un U2 au-dessus de l’URSS deux ans plus tôt. Cette découverte rend les opérations plus hasardeuses, par crainte d’une nouvelle crise, mais elle attise aussi les suspicions des Américains sur la nature des sites protégés. Des vols à basse altitude sont également menés régulièrement par les appareils de l’Air Force.

Le renseignement humain (HUMINT, Human intelligence) est également mis à contribution, même si la présence de la CIA souffre beaucoup des suites de la baie des Cochons. Des rapports remontent sur des transports de matériels, des zones interdites, voire des installations suspectes, mais leur véracité incite souvent au doute. Les confidences d’informateurs plus ou moins fiables, d’émigrés cubains, d’agents de pays amis participent à la remontée d’informations, alimentant la machine du renseignement américain.

Le 14 octobre, un vol de reconnaissance de U2 mené par le major Richard Heyser fournit la preuve à Washington des activités soviétiques sur Cuba. L’étude des neuf cent vingt-huit photographies révèle l’existence d’un site de missiles à San Cristóbal, dans la province de Pinar del Río.