Epilogue

La presse

Vingt ans après les émules de la propagande par le fait, l'anarchisme fait à nouveau les gros titres des journaux. La presse condamne les actions des Bandits tragiques et insiste sur le côté sensationnel de l’affaire, la jeunesse des individus, le recours aux automobiles... Les visages de Bonnot, Garnier, Callemin, etc… sont devenus familiers. Pourtant les journalistes ne sont pas toujours tendres avec les autorités dont ils fustigent l’action parfois brouillonne, notamment lors des deux sièges. Ainsi L’Humanité de Jaurès, tout en jugeant sévèrement les actes de Bonnot, condamne la parade abominable, sanglante, ridicule et impuissante des chefs de la police.

Dans la presse anarchiste, seule celle se réclamant de l’individualisme célèbre la geste de Bonnot et de ses compagnons. Plus surprenant est l’hommage de Charles Maurras aux Bandits tragiques dans le journal L’Action française.

Le procès

Le procès débute le 3 février 1913 au Palais de justice de Paris, et s'étend sur vingt-et-une sessions. Vingt hommes et femmes sont inculpés. Journalistes et curieux se pressent pour y assister. Le procureur Fabre présente l'anarchisme sous la vague apparence d'un système philosophique et social, mais qui en fait masque une association sans autre but que le vol et le meurtre. Les jurés doivent répondre à 383 questions.

Le 26, le verdict tombe : Callemin, Soudy, Dieudonné et Monier sont condamnés à la peine capitale ; Carrouy et Metge aux travaux forcés à perpétuité ; De Boë à 10 ans de travaux forcés et à 5 ans d'interdiction de séjour ; Dettweiller à 4 ans de prison ; Victor Kilbatchiche à 5 ans de prison et 5 ans d'interdiction de séjour ; Gauzy à 18 mois ; Rirette Maitrejean à 1 an de préventive. Carrouy se suicide dans sa cellule le soir même du jugement. Dieudonné, disculpé dans des lettres de Bonnot et Garnier, voit finalement sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité.

Le 21 avril 1913 à l'aube, dans une cour de la prison de la Santé, André Pas de chance Soudy, Raymond la science Callemin et Elie Antoine Monier sont guillotinés. La "veuve", le surnom de la guillotine, a fait son œuvre, et la République peut souffler.

L'Action française, jeudi 16 mai 1912

L'Humanité, 16 mai 1912