Présentation d'un incunable

Format du livre

Tous les formats coexistent, du plus petit (in-octavo) au plus grand (in-folio). Le nombre de pages n’est pas proportionnel au format ainsi un petit format peut compter jusqu’à 300 feuillets.

La marque de l’imprimeur

Elle peut être présente en tête du livre ou à la fin de l’ouvrage. Tout comme les papetiers qui ont pris l’habitude très tôt de marquer leur production au moyen d’un filigrane, les imprimeurs signent leur production en apposant leur marque. Elle est à la fois informative, décorative et publicitaire.

A l’origine, elle reprend le signe placé sur les ballots de livres : leurs initiales surmontées d’une croix sur fond noir. Elle devient plus élaborée en s’inspirant du nom de l’imprimeur, de l’enseigne de sa boutique, de l’héraldique. Elle peut aussi reprendre une devise, l’artisan-imprimeur s’inscrivant ainsi dans le courant humaniste de l’époque.

Si l’imprimeur est différent du libraire, alors commanditaire : deux marques figurent alors sur l’ouvrage, celle du libraire au titre et celle de l’imprimeur à la fin.

Texte

Assez dense, il est généralement disposé sur deux colonnes, en particulier, dans les grands formats ou sur de longues lignes pour les plus petits.

Au tout début de l’imprimerie, seul le verso de la première page est imprimé.

Conservant la pratique médiévale du manuscrit, le texte commence par le mot latin « incipit » (ici commence), suivi du titre et parfois du nom de l’auteur. Il se termine par « explicit » (ici finit).

Cet explicit peut être suivi du colophon, du mot grec signifiant « achèvement », formule énonçant le nom de l’auteur et le titre, et précisant l’imprimeur, le lieu, la date (adresse bibliographique).

Ces éléments d’identification se retrouveront sur le recto de la première page et constitueront ainsi une amorce de « la page de titre » qui s’imposera à la fin du 15e siècle.

La page de titre

D’abord, le titre seul y figure sur une ou deux lignes pour s’étirer par la suite en titre-sommaire.

Puis cette page de titre reprendra la marque de l’imprimeur, assortie ou non de l’adresse bibliographique qui peut être accompagnée du mot latin « venundantur » (sont vendus) donnant ainsi un caractère commercial à cet espace.

Les caractères

Le caractère gothique, qui a supplanté la minuscule caroline utilisée par les moines copistes du Haut Moyen-Age, est repris pour les impressions tout en conservant de nombreuses abréviations et ligatures de lettres de l’écriture manuscrite.

En Italie, les humanistes de la Renaissance choisissent de reprendre la minuscule caroline pour imprimer les textes de l’antiquité classique et ainsi rompre avec la forme des textes médiévaux. La minuscule caroline devient alors le caractère de prédilection des ateliers romains et prend le nom de caractère romain.

L’enluminure

La première illustration de l’incunable reste l’enluminure qui vient enrichir le texte assez dense et sans alinéas : elle met en évidence les grandes articulations du texte tout comme pour les manuscrits médiévaux.

D’ailleurs, c’est toujours l’enlumineur qui réalise le tracé plus ou moins orné de la lettre minuscule dite « lettre d’attente » imprimée dans l’espace blanc réservé à cet effet.

Si le livre n’est pas enluminé, la lettre d’attente peut être comblée à l’encre rouge tout comme les initiales peuvent être rehaussées. 

Les imprimeurs laissent aussi en blanc l'espace réservé au titre appelé aussi rubrique du fait qu'il est écrit en rouge (de rubrica, terre rouge). Après l'impression du livre, ces rubriques et ces majuscules sont remplies à la main par un artiste rubricateur qui peut aussi tracer "un pied de mouche », petit signe conventionnel servant à différencier les paragraphes.

Des motifs ornementaux peuvent décorer les fins de ligne.

Des lignes peuvent apparaître sur certaines pages, vestiges du temps où le copiste esquissait des lignes et délimitait ainsi les marges.

Ces espaces seront par la suite remplis par les imprimeurs à l’aide de lettrines gravées sur bois.