Les premières éditions des "Mémoires d'outre-tombe"

Hélas, la parution des Mémoires d’outre-tombe fut un semi-désastre.

S'ils parurent d’abord en feuilletons en 1848, ils tardèrent à être disponibles en livres : la révolution de Février occasionna des retards, l’entrepôt de l’éditeur partit en flammes et de nombreuses maisons d’édition situées en Belgique, aux États-Unis, en Allemagne ou en Espagne en profitèrent pour imprimer et vendre le texte publié dans La Presse. Enfin, en 1848, la France qui s’éveillait à la Deuxième République se montra peu sensible aux souvenirs de ce royaliste que fut Chateaubriand.

Les défauts des premières éditions orientèrent les goûts des lecteurs. Il fallut attendre près de cinquante ans pour que ceux ci puissent se réconcilier avec cette œuvre. Les éditeurs scientifiques qui se succédèrent - Edmond Biré, Maurice Levaillant puis Jean-Claude Berchet - y furent pour beaucoup. En publiant les préfaces successives, des manuscrits inédits, en rétablissant une division en livre et chapitre ils parvinrent à redonner sa structure à un monument qui avait paru trop confus à la première génération de lecteurs.

Les livres ne deviennent pas toujours instantanément des classiques. Il faut parfois du temps. Les Mémoires d’outre-tombe en sont un parfait exemple.

François René Chateaubriand (1768-1848)
Mémoires d'outre-tombe

Paris, Eugène et Victor Penaud frères, 1849-1850