Une longue gestation

Cette idée d’union des deux principales formations de la gauche, la SFIO - devenue PS - et le PCF, n’est pas nouvelle, qu’on pense au Communiqué commun de décembre 1966 ou à la Déclaration commune de février 1968. Mais elle fut retardée par les événements politico-sociaux de Mai 68, la question tchécoslovaque et la recomposition de la famille socialiste (Batardy, 2021). En décembre 1969, les deux partis affirment que « l’union de la gauche est la seule perspective de remplacement de la coalition des gestionnaires conservateurs du centre et de la droite ». Les discussions idéologiques entre socialistes et communistes aboutissent en décembre 1970 à la publication d’un texte intitulé Bilan des conversations, texte au demeurant sans réelles mesures concrètes, assez évasif et où les divergences entre socialistes et communistes sont apparentes.

Le Congrès d’Epinay du Parti socialiste de juin 1971 voit la victoire de la motion défendue par François Mitterrand qui préconise de placer le parti dans l’optique d’une accession au pouvoir au moyen d’une alliance avec le PCF, autour d’un programme, mais un « programme commun préalablement soumis à la rédaction d’un programme socialiste ». Ainsi les deux partis vont dans un premier temps élaborer leurs propres propositions : Changer de cap pour le PCF (7-9 octobre 1971), et Changer la vie pour le PS (11 janvier 1972). Pour les communistes, Changer de cap doit devancer et contraindre le PS à cheminer sur l’élaboration du programme commun. Pression qui ne manque pas d’agacer les socialistes, qui vont de leur côté considérer Changer la vie comme un étendard, un programme extrêmement précis et détaillé, probablement pour que l’autre ne le soit pas trop (Alexandre, 1977).

Le 27 avril 1972, une réunion entre les dirigeants du PS et du PCF décide de la constitution de quatre groupes de travail thématiques (Institutions, Objectifs sociaux, Politique économique, Politique internationale), devant se réunir une ou deux fois par semaine. Les négociations avancent vite, malgré quelques accrochages et points de tensions, notamment sur les nationalisations et la politique extérieure. Finalement le 27 juin, Georges Marchais et François Mitterrand annoncent à la presse l’obtention d’un accord. Une fraction des radicaux, menée par Robert Fabre, se joint à l’accord, après des négociations. Le programme est signé le 12 juillet, une fois l’accord ratifié par la convention nationale du PS et par la conférence nationale du PCF le 9 juillet. Au moment de la conférence de presse qui suit, on peut noter une différence sémantique entre l’Union populaire du PCF et l’Union de la gauche du PS.