La tragique épopée (décembre 1911-mars 1912)

Octave Garnier va solliciter Jules Bonnot pour ses talents de mécanicien et sa maîtrise de la conduite automobile.

La cible retenue est la succursale de la Société générale située rue Ordener, dans le 18e arrondissement de Paris. Tous les jours, à 8h45, un encaisseur de la caisse centrale l’approvisionne en argent et en titres, uniquement escorté par un agent de la banque non armé à sa descente du tramway. Une Delaunay-Belleville noire est dérobée à Boulogne sur-Seine dans la nuit du 13 au 14 décembre 1911. Le 21 décembre, Bonnot, Garnier, Callemin et un quatrième comparse attendent non loin de la station de tramway. Lorsque l’infortuné agent dénommé Caby apparaît, Garnier surgit et, sans sommation, lui tire dessus pendant que Callemin lui prend sa sacoche. Caby s’écroule – il survivra à ses blessures – tandis que son garde du corps s’enfuit vers la banque. Les deux compagnons tiennent la foule en respect tout en rejoignant la voiture, qui démarre aussitôt en direction de la porte de la Chapelle. Passant par Pontoise, ils se dirigent vers Le Havre pour finalement obliquer vers Dieppe. La voiture abandonnée, ils prennent le train pour Paris. Cette première opération révèle pourtant un bien maigre butin, 5 000 francs et 320 000 francs de titres. Mais l’attaque a marqué les esprits : menée en plein jour, dans une rue animée avec une fuite en automobile, voilà un mode opératoire pas ordinaire.

A Thiais, dans la nuit du 2 au 3 janvier 1912, un cambriolage fait deux victimes, un vieillard et sa bonne assassinés au couteau. Les enquêteurs identifieront deux hommes, Metge et Carrouy.

Fin janvier 1912, Bonnot, Callemin et Garnier sont en Belgique et aux Pays-Bas où ils retrouvent De Boë. Ils volent deux automobiles, en revendent une ainsi que les titres dérobés rue Ordener. Une victime est à dénombrer. L’escapade est brève et le groupe retourne à Paris.

Le 25 mars 1912, vers 10h30, cinq hommes à bord d’une De Dion-Bouton commettent un hold-up contre la succursale de la Société générale de Chantilly. Trois investissent la banque, le quatrième, posté devant la porte menace la foule avec une carabine, et le dernier reste au volant de la voiture. Le bilan est lourd : deux morts et un blessé grave parmi les employés, auquel s’ajoute le chauffeur de la voiture volée un peu plus tôt en forêt de Sénart, près de Montgeron. La bande vient de commettre son dernier forfait.

Les crimes de la bande Bonnot-Garnier - Les bandits à l'oeuvre. L'Oeil de la police

Des voleurs d'automobile. A Chantilly, l'attaque de la succursale de la Société Générale

L'Humanité, 22 décembre 1911

L'Humanité, 22 décembre 1911 (suite de l'article)