Le 18 juin 1982, lors du 41e congrès de la CGT, Henri Krasucki accède à la fonction de secrétaire général. Celui qui aurait « aimé devenir chef d’orchestre » devient le numéro un de la puissante centrale syndicale.
Né à Wolomin en Pologne en 1924, Henoch Krasucki (dit Henri) arrive à Paris en 1928. Ses parents, Isaak et Léa, sont des Juifs de culture yiddish, militants communistes convaincus. Tous deux sont des ouvriers du textile, branche du tricot industriel. Elève brillant, Henri poursuit ses études au lycée Voltaire jusqu’en 1939, date à laquelle il devient apprenti. Pionnier à la Bellevilloise, Krasu rejoint le PCF à 16 ans et milite au sein de la section juive de la MOI, la main-d’œuvre immigrée. Membre des FTP-MOI sous le nom de Bertrand, il combat les Allemands, côtoyant le groupe Manouchian. Arrêté le 23 mars 1943 par la police française, interné à Fresnes, torturé, il est envoyé à Auschwitz puis à Buchenwald jusqu’à sa libération le 11 avril 1945.
A son retour en France, il achève son apprentissage et travaille comme ajusteur. Encarté à la CGT dès septembre 1945, il en devient permanent deux ans plus tard (année où il obtient la nationalité française) et gravit peu à peu les échelons du syndicat. En 1953 il devient secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine et entre au bureau de la fédération PCF de la Seine. De 1960 à 1980 il est directeur de la revue La Vie Ouvrière. En 1961, il devient membre du bureau confédéral, puis en 1964 suppléant au bureau politique du PCF. Son ascension est portant stoppée en 1967 lorsque Benoît Frachon lui préfère Georges Séguy comme successeur à la tête de la centrale syndicale. Les négociations des accords de Grenelle en 1968 révèlent ses talents de fin négociateur face au CNPF et aux représentants du gouvernement, dont un certain Jacques Chirac.
Les années 1970 sont marquées par de nombreux conflits secouant le climat social du pays. Le rapprochement PCF-PS dans le cadre du programme commun de 1972, le positionnement du parti communiste par rapport à l’URSS mais également de la CGT par rapport au syndicalisme soviétique sont l’objet de débats intenses au sein des instances.
Lors du 41e congrès, le 18 juin 1982, Henri Krasucki devient le secrétaire général d’une CGT désormais tiraillée entre le soutien qu’elle veut maintenir au gouvernement de gauche et une volonté d’impulser des luttes revendicatives plus affirmées. Si le départ des ministres communistes deux ans plus tard permet de rompre avec la solidarité gouvernementale, une certaine opposition voit le jour entre le PCF et la CGT quant à l’attitude à adopter, valant à Henri Krasucki des accusations de mollesse.
Les années 1980 sont l’occasion pour la centrale syndicale d’entreprendre une inflexion, dont la distanciation avec la direction du PCF ne fut pas la moindre. Partisan d’une voie médiane entre les tenants d’une ligne dure et ceux qui souhaitent une plus large ouverture, Henri Krasucki soulignait que « tout le monde devait être à l’aise dans la CGT et qu’y adhérer ne supposait pas une adhésion à toutes ses idées de transformation sociale ». Si cette politique lui vaudra des critiques au sein du syndicat comme du PCF, elle sera néanmoins poursuivie par son successeur Louis Viannet.
Le 31 janvier 1992, il quitte la tête de la CGT à l’issue de son 3e mandat comme secrétaire général.
Militant convaincu, Henri Krasucki reste fidèle au socialisme, malgré la chute du mur de Berlin et la disparition de l’Union soviétique.
Loin de l’image du syndicaliste bafouillant des chiffres ou du "Krasucki... kiki, syndicat... caca" de Coluche, Henri Krasucki restera un homme cultivé, sensible, qui trouvait dans la musique (Beethoven, Mozart...) un soutien, une compagne de tous les instants.
Henri Krasucki dans L'Heure de Vérité | 01/10/1984 | Archive INA
Le 18 juin 1982, lors du 41e congrès de la CGT, Henri Krasucki accède à la fonction de secrétaire général. Celui qui aurait « aimé devenir chef d’orchestre » devient le numéro un de la puissante centrale syndicale.
Né à Wolomin en Pologne en 1924, Henoch Krasucki (dit Henri) arrive à Paris en 1928. Ses parents, Isaak et Léa, sont des Juifs de culture yiddish, militants communistes convaincus. Tous deux sont des ouvriers du textile, branche du tricot industriel. Elève brillant, Henri poursuit ses études au lycée Voltaire jusqu’en 1939, date à laquelle il devient apprenti. Pionnier à la Bellevilloise, Krasu rejoint le PCF à 16 ans et milite au sein de la section juive de la MOI, la main-d’œuvre immigrée. Membre des FTP-MOI sous le nom de Bertrand, il combat les Allemands, côtoyant le groupe Manouchian. Arrêté le 23 mars 1943 par la police française, interné à Fresnes, torturé, il est envoyé à Auschwitz puis à Buchenwald jusqu’à sa libération le 11 avril 1945.
A son retour en France, il achève son apprentissage et travaille comme ajusteur. Encarté à la CGT dès septembre 1945, il en devient permanent deux ans plus tard (année où il obtient la nationalité française) et gravit peu à peu les échelons du syndicat. En 1953 il devient secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine et entre au bureau de la fédération PCF de la Seine. De 1960 à 1980 il est directeur de la revue La Vie Ouvrière. En 1961, il devient membre du bureau confédéral, puis en 1964 suppléant au bureau politique du PCF. Son ascension est portant stoppée en 1967 lorsque Benoît Frachon lui préfère Georges Séguy comme successeur à la tête de la centrale syndicale. Les négociations des accords de Grenelle en 1968 révèlent ses talents de fin négociateur face au CNPF et aux représentants du gouvernement, dont un certain Jacques Chirac.
Les années 1970 sont marquées par de nombreux conflits secouant le climat social du pays. Le rapprochement PCF-PS dans le cadre du programme commun de 1972, le positionnement du parti communiste par rapport à l’URSS mais également de la CGT par rapport au syndicalisme soviétique sont l’objet de débats intenses au sein des instances.
Lors du 41e congrès, le 18 juin 1982, Henri Krasucki devient le secrétaire général d’une CGT désormais tiraillée entre le soutien qu’elle veut maintenir au gouvernement de gauche et une volonté d’impulser des luttes revendicatives plus affirmées. Si le départ des ministres communistes deux ans plus tard permet de rompre avec la solidarité gouvernementale, une certaine opposition voit le jour entre le PCF et la CGT quant à l’attitude à adopter, valant à Henri Krasucki des accusations de mollesse.
Les années 1980 sont l’occasion pour la centrale syndicale d’entreprendre une inflexion, dont la distanciation avec la direction du PCF ne fut pas la moindre. Partisan d’une voie médiane entre les tenants d’une ligne dure et ceux qui souhaitent une plus large ouverture, Henri Krasucki soulignait que « tout le monde devait être à l’aise dans la CGT et qu’y adhérer ne supposait pas une adhésion à toutes ses idées de transformation sociale ». Si cette politique lui vaudra des critiques au sein du syndicat comme du PCF, elle sera néanmoins poursuivie par son successeur Louis Viannet.
Le 31 janvier 1992, il quitte la tête de la CGT à l’issue de son 3e mandat comme secrétaire général.
Militant convaincu, Henri Krasucki reste fidèle au socialisme, malgré la chute du mur de Berlin et la disparition de l’Union soviétique.
Loin de l’image du syndicaliste bafouillant des chiffres ou du "Krasucki... kiki, syndicat... caca" de Coluche, Henri Krasucki restera un homme cultivé, sensible, qui trouvait dans la musique (Beethoven, Mozart...) un soutien, une compagne de tous les instants.
Henri Krasucki dans L'Heure de Vérité | 01/10/1984 | Archive INA
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