La situation économique et sociale (1968-1973)

Depuis les années 1960, Lip doit faire face à Kelton, une marque française rachetée par l’américain Timex. Les montres Kelton sont moins chères, fabriquées en plus grande quantité et vendues en dehors du circuit HBJO, dans des bureaux de tabac ou des grandes surfaces. La concurrence est vive avec Lip dont l’exubérant patron ne manque pas de critiquer la moindre qualité des produits, allant jusqu’à la comparer à de « la cochonnerie ». Vers la fin de la décennie, les relations avec le réseau HBJO se tendent lorsque Lip exige une augmentation du prix de vente de ses montres pour financer les publicités à la télévision, mais sans compensation pour les revendeurs.

Malgré une reconnaissance nationale, les ventes diminuent au profit des montres bon marché, Lip passe de 20% à 7% du marché entre 1962 et 1970, alors que moins de 10% de la production est exportée. La concurrence internationale contribue également à cette baisse des ventes. Entre 1968 et 1971, les ventes de montres diminuent de 35%, poussant Fred Lip à vouloir revenir sur les accords conclus avec son personnel en 1968 et à licencier des salariés. Les rapports avec la direction se tendent à partir de décembre 1969, pour culminer en juin 1970 avec une grève marquée par une nouvelle occupation de l’usine de Palente. En fin d’année, les délégués CFDT-Lip sont menacés de licenciement, mais sans succès. En janvier 1971, une cinquantaine de salariés sont licenciés pour être réintégrés au bout de quinze jours, suite à une forte mobilisation du personnel.