Le personnel
Les effectifs en avril 1973 s’élèvent à environ 1 300 salariés :
| source Reid, 2020 | source Tribune socialiste, juin 1973 | |
| Ouvriers | 692 (356 OS, 336 OP) | 691 |
| Employés | 176 | 175 |
| Techniciens | 270 | 269 |
| Ingénieurs et cadres | 69 | 66 |
| Représentants | 32 | 34 |
| Directeurs | 9 | 12 |
Les fournisseurs et sous-traitants de l’entreprise emploient environ 5 000 travailleurs.
La moyenne d’âge est de 31 ans. Les employés de Lip bénéficient de conditions de travail et d’avantages sociaux supérieurs à ceux des autres entreprises des environs. Et d’une manière générale la politique sociale pratiquée pousse à la hausse les autres entreprises bisontines, renforçant les mauvaises relations entre Fred Lip et le patronat local.
Les embauches se font sur la recommandation d’un parent ou d’un ami, le turnover est peu fréquent. On compte plus de 200 couples au sein de l’entreprise. L’homogénéité et la stabilité du personnel contribuent au fort sentiment d’appartenance à l’entreprise, les ouvriers sont fiers de travailler pour une marque si emblématique.
La moitié de la main d’œuvre est féminine, dont 45% sont des femmes seules (veuves, célibataires, divorcées). La forte majorité travaille comme OS (77%), les autres occupent des postes subalternes. La proportion d’hommes dans les postes d’encadrement et d’agents techniques est écrasante. Une certaine pression sexuelle, non exclusive à Lip, se fait sentir entre l’encadrement et les ouvrières. Il faut ainsi parfois plaire, voire plus, pour obtenir un avancement. Cette proportion se retrouve chez les dirigeants syndicaux qui ne comptent qu’une seule femme (Noëlle Dartevelle à la CGT) dans leurs rangs.
La formation professionnelle est encouragée, en dehors des heures de travail, afin de permettre aux employés (surtout des hommes) de faciliter leur avancement.
En 1972, 40% du personnel habite la cité ouvrière de Palente, les salariés les plus éloignés bénéficient d’un service de bus gratuit. La restauration est assurée en journée continue par un restaurant d’entreprise. Un magazine mensuel sur la vie de l’usine existe depuis 1945. Fred Lip s’adresse tous les vendredis au personnel par des haut-parleurs installés dans les deux sites. De fréquentes réunions du personnel sont organisées pour évoquer l’actualité et les projets de Lip.
De nombreux témoignages insistent sur la soumission absolue des cadres de direction à Fred Lip. En retour ces derniers abusent de leur pouvoir sur les ouvriers qui ne leur manifestent aucun respect. Paternaliste, autoritaire, assurément fantasque, Alfred Lipmann exerce une fascination certaine sur son personnel, à tous les échelons.