L'internationalisation du conflit

La guerre de Corée n’oppose pas seulement un peuple séparé en deux états, mais également deux blocs.

Le camp socialiste se mobilise pour soutenir la République démocratique populaire de Corée. Si l’Union soviétique fournit principalement du matériel, des régiments d’aviation sont engagés de novembre 1950 à juillet 1953. Déployés en Mandchourie et dans le nord de la péninsule, équipés de Mig 15 repeints aux couleurs nord-coréennes, les pilotes soviétiques contestent la maîtrise du ciel aux Américains. Pour des raisons politiques, ils ne peuvent toutefois combattre au sud d’une ligne Pyongyang-Wonsan. Au prix d’une centaine de pilotes tués, les Soviétiques réclameront environ 1 100 appareils ennemis abattus.

La jeune République populaire de Chine est totalement engagée dans le conflit coréen, repoussant sine die la question taïwanaise. Parmi les raisons d’une intervention directe figurent la menace américaine sur la Mandchourie et son potentiel industriel, la nécessité de contrôler les barrages hydroélectriques sur le Yalu, la crédibilité du nouveau régime sur la scène internationale mais aussi dans le monde communiste en s’affirmant par rapport à Moscou. Grâce au soutien matériel de l’URSS, Pékin déploie une Armée de volontaires du peuple chinois, constituée en réalité d’unités régulières de l’Armée populaire de libération sous le commandement de Peng Dehuai. De novembre 1950 à juillet 1953, ces « volontaires » se révèlent être de rudes adversaires pour les troupes onusiennes. Trois millions de civils et de militaires chinois auraient participé à la guerre de Corée. Le fils aîné de Mao Tsé-toung, Mao Anying, y meurt en novembre 1950.

Le 27 juin 1950, l’ONU décide l’envoi de troupes sous sa bannière pour soutenir les forces sud-coréennes. Les Etats-Unis fournissent le contingent le plus important avec 1 789 000 hommes mobilisés sur toute la période. Il s’agit de leur premier engagement militaire conséquent depuis 1945 et l’impréparation des premières troupes envoyées est manifeste, mais la machine américaine ne tarde pas à se mettre en ordre de bataille. Le gouvernement américain dépense 30 milliards de dollars pendant le conflit, équipant la plupart des contingents onusiens. De nombreux pays, membres de l’Otan ou simplement alignés sur Washington comme l’Ethiopie, les Philippines et la Thaïlande envoient des troupes. Au moment de l’accord d’armistice du 27 juillet 1953, on dénombre 932 964 hommes se répartissant ainsi :

  •  République de Corée  590 911
     Etats-Unis  302 483
     Royaume-Uni  14 198
     Canada 6 146
     Turquie  5 453
     Australie 2 282
     Philippines 1 496
     Nouvelle-Zélande  1 385
     Ethiopie 1 271
     Grèce 1 263
     Thaïlande 1 204
     France 1 119
     Colombie 1 068
     Belgique 900
     Afrique du Sud  826
     Pays-Bas  819
     Luxembourg 44

A noter enfin que la Chine nationaliste de Tchang Kaï-chek reste en dehors du conflit. Malgré les tentatives de MacArthur d’impliquer Taïwan et de frapper directement la Chine communiste, Washington refuse toute participation des nationalistes, trop conscient du risque d’escalade encouru.