Les négociations

Dès le mois d’août 1950 les Soviétiques soumettent sans succès un plan pour faire cesser les combats (retrait de toutes les troupes étrangères de la péninsule, invitation de la Corée du Nord et de la Chine populaire à l’ONU pour discuter).

La stabilisation du front mi-1951, la libération effective du territoire sud-coréen conformément au mandat onusien incitent le président Truman à rechercher la négociation et la fin des hostilités. Il rejette fermement la volonté jusqu’au-boutiste de Syngman Rhee de « libérer » l’intégralité de la péninsule et les remontrances du camp républicain à Washington. Chaque partie espère tenir la meilleure position sur le terrain en vue de négocier.

A l’été 1951, des pourparlers sont entamés à Kaesong à l’initiative du camp onusien. C’est un échec, les discussions achoppant sur la question de la ligne de cessez-le-feu.

En octobre 1951 le hameau de Panmunjom devient le nouveau site des pourparlers. Du 25 octobre au 23 novembre de nouvelles discussions ont lieu entre les deux délégations. Le 23 novembre une ligne de démarcation est arrêtée et acceptée le 27. Un armistice de 30 jours entre en vigueur, mais sans cessez le feu définitif. Les discussions concernent les modalités pratiques d’exécution et d’application des accords d’armistice ainsi que la question du rapatriement des prisonniers de guerre. Des désaccords profonds émergent rapidement de ces échanges. Les chiffres avancés par les deux camps divergent, et surtout de nombreux prisonniers sud-coréens ont été intégrés de force aux troupes nordistes, au mépris des lois internationales. Le camp communiste nie et affirme au contraire que ces hommes ont été libérés et ont rejoint leurs familles. La proposition américaine de laisser le choix aux prisonniers sino-coréens d’être rapatriés provoque la colère des communistes. Washington s’oppose au rapatriement de force, le souvenir du sort réservé aux prisonniers soviétiques après 1945 est encore frais, et dans un contexte de lutte idéologique aussi marqué, le libre-arbitre des prisonniers démontrerait la « supériorité morale » des démocraties libérales sur les régimes communistes. Mais cette position est en contradiction avec le sort des prisonniers de guerre défini par la Convention de Genève (article 118). Au printemps 1952, les négociations sont dans l’impasse, mais les contacts sont maintenus.

La situation se débloque finalement en février 1953 avec un accord pour restituer des prisonniers malades ou blessés et l’acceptation par la Chine d’une proposition indienne de rapatriement des prisonniers de guerre, proposition remontant à novembre 1952. La mort de Staline en mars 1953 facilite le processus, la nouvelle direction soviétique encourageant fortement la Chine populaire à accepter un règlement du conflit. Conscient de sa faiblesse sans le soutien soviétique, Pékin ne peut que s’aligner sur Moscou. A Washington, le nouveau président Dwight D. Eisenhower entend tenir une de ses promesses de campagne, à savoir mettre fin au conflit coréen.